Le premier hadith

Commentaire des 40 Hadîths An-Nawawî

Premier Hadith

Les actes ne valent que par les intentions


‘Umar Ibn al-khattâb (que Dieu soit satisfait de lui) a dit : « J’ai entendu l’Envoyé de Dieu (paix et salut sur lui) dire : « Les actes ne valent que par les intentions. Et à chacun selon son dessein. Celui qui émigre pour Dieu et Son Envoyé, son émigration lui sera comptée comme étant pour Dieu et Son Envoyé. Et celui qui émigre pour acquérir des biens de ce bas monde ou pour épouser une femme, son émigration ne lui sera comptée que pour ce vers quoi il a émigré. » Al-Bukhâri et Muslim.

Introduction

Ce hadith fait suite à un événement bien particulier : At-Tabarâni  rapporte, avec une chaîne de transmetteurs sûrs, qu’Ibn Mas’ûd (que Dieu soit  satisfait de lui) a dit : « Il y avait parmi nous un homme qui avait demandé en mariage une femme appelée Umm Quays. Celle-ci refusa de l’épouser à moins qu’il consente à émigrer de La Mecque vers Médine. Il fit le voyage et se maria avec elle. C’est pourquoi nous l’appelions Muhâjir Umm Quays (l’émigré d’Umm Quays). »

Axe de l’islam, fondation de la religion et de la plupart des règles juridiques, l’intention constitue la moitié de l’islam, car la pratique de la religion est soit apparente, à savoir les actes, soit intérieure, et donc liée à l’intention.

I. L’intention est une clause de légitimité des actes :

L’intention s’avère être le pivot, la nature et la substance de l’œuvre. Elle est un pilier : la validité de l’œuvre résulte de la validité de l’intention et, a contrario, l’invalidité de l’intention supprime l’œuvre.

Le Prophète (paix et salut sur lui) exprima cette réalité en deux phrases concises:

« Les actions sont jugées d’après l’intention, et il en sera tenu compte à chaque homme dans la mesure de son intention. »

Dans la première phrase, le Prophète (paix et salut sur lui) souligne la certitude que l’acte n’a lieu que par l’intention. Un acte sans intention n’est donc pas considéré. Puis, il souligne, dans la seconde, que l’homme ne récolte de ses actes que ce qu’il aura voué comme intentions.

Le Prophète (paix et salut sur lui) a également dit : « Chacun n’a pour lui que ce qu’il a eu réellement l’intention de faire ». Celle-ci signifie que la part et la récompense qui reviennent à l’homme, demeurent soumis de son intention. Si celle-ci est bonne et vouée à Dieu exclusivement, l’œuvre sera validée.  En revanche, si l’intention est corrompue, l’œuvre sera quant à elle, aussi mauvaise et son auteur en supportera le péché, ou au mieux, ne se verra pas récompensé.

Egalement, si le musulman souhaite accomplir une bonne action, et qu’il en a été empêché par la mort, la maladie, ou tout autre cas de force majeure, son intention est quand même récompensée par la même récompense que s’il avait accompli l’acte en question.

II. La circonstance de l’intention :

Le dogme de l’intention  couvre les pratiques cultuelles, les transactions, les serments et les vœux, ainsi que toutes sortes de contrats ou d’actes.

L’intention a pour résidence le cœur, elle doit se faire ressentir au commencement de la pratique cultuelle : en vue d’accomplir la prière, à l’instant de se mettre en état de sacralisation pour le pèlerinage (al-ihrâm bi-l-hajj), avant d’entamer le jeûne, ou avant tout acte pour lequel on espère une récompense venant de Dieu.

L’intention a été établie pour que l’œuvre soit vouée entièrement à Dieu.  En effet le croyant se doit de chercher par ses œuvres l’agrément divin. Il doit veiller à ce que ses œuvres soient éloignées de toutes passions, et ne soient pas associées à la recherche de la satisfaction de l’égo. C’est ainsi qu’il peut aspirer à une grande récompense de la part de Dieu.

Ainsi, la pensée pure par laquelle n’est recherchée que la face d’Allah édifie l’un des aspects de la sincérité envers Dieu, et  est à la base de la validité de la foi et des actes.

C’est ce qu’exige d’ailleurs Allah  de Ses serviteurs :

«On leur avait seulement ordonné d’adorer Dieu comme de vrais croyants qui lui rendent un culte pur» Sourate 98. Verset 5.

Pour conclure, nous pouvons dire que ce hadith nous encourage à la loyauté envers Dieu dans chacun de nos actes et aussi bien dans nos pratiques cultuelles, que dans nos actes quotidiens, et ce, pour en être couronné dans la vie future et dans la vie ici-bas.

Principe sublime, exécutant un comportement idéal dont la bonne intention est celle de la recherche de l’agrément de Dieu.