Message de Madame le Maire de Villejuif aux musulmans réunis à l’occasion de l’Aïd el Fitr Vendredi 10 septembre 2010
Chers concitoyens, Chers amis.
En mon nom personnel et au nom de la municipalité, je vous adresse notre témoignage d’amitié et nos vœux de paix.
Si je suis comme chaque année, fidèle a ce rendez-vous, en cette date particulière du calendrier musulman qu’est l’Aïd el Fitr, c’est pour témoigner du respect, un respect laïc et indépendant, que j’éprouve envers chacun d’entre vous ainsi qu’envers la communauté de culture et de religion qui vous rassemble.
Au moment même où vous observiez ce mois du jeûne musulman qui est pour vous une période de réflexion, de prière, de partage et de générosité, une campagne honteuse et dangereuse s’est déployée dans notre pays.
Je veux parler de la désignation à la vindicte nationale cet été par l’Elysée et le gouvernement, de communautés entières, en prétendant que leurs membres seraient collectivement et par nature responsables de l’insécurité.
Rien n’est plus contraire à l’humanisme français, rien n’est plus dangereux, rien n’est plus détestable que cette stigmatisation de l’autre, cette façon d’attiser les peurs et les haines les plus obscures, dans le seul but de récupérer quelques soutiens électoraux à l’extrême droite. Parce que cette xénophobie d’État,
condamnée dans le monde entier, est un déni de la dignité des hommes et une honte nationale. J’ai participé, comme des centaines de milliers de personnes partout en France, à la grande manifestation parisienne du 4 septembre, pour réaffirmer haut et fort nos valeurs républicaines de Liberté, d’Égalité et de Fraternité.
Je veux redire ici ma volonté, celle de la municipalité, de tout mettre en œuvre pour développer à Villejuif le vivre ensemble, l’écoute, la compréhension et le dialogue entre tous, quelles que soient les origines, les croyances, les opinions de chacun.
Notre travail commun en vue de la réalisation d’un lieu de culte musulman témoigne de cette volonté du vivre ensemble. Il a abouti, à la fin de l’année dernière, au dépôt par l’AMV – qui est maître d’ouvrage du projet – d’une demande de permis de construire. Vous avez présenté le projet aux riverains et aux acteurs religieux de la ville lors d’une réunion publique. Il a ensuite été soumis aux débats du Conseil municipal, où il n’a pas suscité d’opposition ; j’ai délivré le permis de construire.
Je sais que vous attendez votre mosquée avec impatience. J’aspire, comme vous tous, à ce que notre travail collectif pour sa réalisation, les efforts que vous avez déployés et auxquels ont contribué, je veux le souligner, toutes les familles politiques du Conseil municipal, aboutissent vite. Mais je sais aussi que la mise en œuvre d’un grand projet comme celui-la prend toujours du temps, qu’il peut connaître des
retards, des revers. Nous devons, vous devez rester mobilisés.
Crédit photo – Villejuif Notre Ville
Je reste attentive à pouvoir surmonter avec vous les difficultés qui pourraient surgir. Vous le savez, rendre possible la réalisation de la mosquée de Villejuif est un engagement que j’ai inscrit en toutes lettres dans notre contrat municipal. Et je veux vous redire ici que mon soutien, celui de la municipalité, restent intacts.
Ma ligne de conduite sur ce projet est claire : Villejuifois de confession musulmane. vous devez pouvoir prier dans un lieu digne, répondant aux besoins du libre exercice de votre culte. Vous devez aussi disposer d’un lieu propre pour les activités culturelles que vous déployez au quotidien: enseignement de l’arabe, aide aux devoirs et même conférences, comme celle sur le Ciel, organisée conjointement le 21 septembre prochain avec les autres communautés religieuses de la commune.
Disant cela, je suis fidèle à la conception laïque et démocratique de notre République qui suppose le respect de la liberté individuelle et des droits collectifs garantissant l’égalité entre tous les êtres humains. Cela signifie que dans notre pays, il n’y a prédominance d’aucune philosophie, ni d’aucune religion, d’aucune culture dans la sphère publique, et que dans le même temps la société doit autoriser et permettre à chacun de penser et croire ce qu’il veut, de vivre la culture propre à ses origines et de pratiquer le culte de son choix. C’est cela qui garantit la liberté de conscience, la liberté de pensée, l’égalité des droits entre tous.
Je vous souhaite, à vous et à votre famille, vos amis, en ce grand rassemblement qui marque la fin du Ramadan, une très bonne fête de l’AÎd el Fitr.